Chers parents
Comme je vous ai plus écrit depuis le 12, je pense que vous devez vous demander ce que diable je fais.
Nous avons pris la 1ère ligne le 12 au soir et nous avons été relevés hier et je vous assure que pendant ces 4 jours je n’ai pas eu le temps de vous écrire. D’ailleurs je pense que vous devez avoir vu sur les journaux ce qui sait passer ces jours-ci.
Depuis que je suis dans ce coin, jamais plus j’avais vu ce que j’avais vu cette fois, je pense vous dire que j’ai vu les boches à 4 mètres de moi, et nous n’avons pas reculé quand même, il faut que je sois béni pour sortir d’un enfer pareille, enfin je suis encore sauve pour cette fois car pour le moment nous sommes en arrière, je pense bien que cette fois ils vont nous donner un grand repos et nous en avons besoin.
Voila 40 jours que je suis dans ce pays sans pouvoir rien acheter.
Depuis que je suis partie de l’Alsace, je n’ai pas pu trouver un litre de vin mais trouvons quelques morceaux de chocolat mais nous le payons le prix. Je pense que quant nous irons au repos, il y aura du vins, nous allons boire un bon coup.
Vivement que je parte de ce coin car j’en suis bien fatigué.
Pour aujourd’hui, je termine en vous embrassant de tout cœur.
P.
Le 17 mai 1916
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