Le 30 juin 1917
Bien chers parents
C’est avec un très grand plaisir que je viens de recevoir 3 de vos lettres du 27, 29 mai et du 3 juin.
Je suis très heureux de savoir qu’au pays, tout marche très bien et surtout que vous êtes tous en parfaite santé.
Vous me dites que Félix est malade mais j’espère que ça ne doit pas être bien grave, vous me ferait savoir le plus vite possible si ça va mieux.
J’ai aussi reçu mon gros colis dans lequel il y avait mon chapeau de paille, je n’ai pas encore reçu le gilet ni le béret mais je pense qu’ils ne vont pas tarder à arriver, probablement un de ces jours.
Vous me dites que vous avez beaucoup de foin, vous êtes pas comme moi, j’ai fini de rentrer le mien mais j’ai au moins 30 … de blé à couper et beaucoup d’avoine mais enfin je pense bien que j’en viendrai à bout car j’ai une jolie machine et deux bon chevaux, un rouge et un noir, ils valent 6 milles francs, vous pouvez croire qu’ils sont jolis. Je vois toujours Chapon, c’est souvent que nous parlons du pays, enfin nous nous en faisons pas trop, je suis blanchi et même raccommodé. Envoyé moi un peu de coco pour mettre dans l’eau car c’est souvent que je vais à la fontaine et l’eau pure n’est pas satisfaisante, je reçois très bien le sucre et le café, pour le moment vous pouvez suspendre le fromage car avec la chaleur ils n’arrivent pas très bon, vous me direz ce que vous faites du lait, si vous le vendez ou si vous faites des fromages.
Le 5 du mois prochains je vous enverrez ma photo, je suis avec chapon et 3 autres camarades.
Votre fils qui vous embrasse bien des fois.
Pierre Fournier