Chers parents
Deux mots pour vous dire que j'ai reçu votre lettre du 30 mars qui m'a fait grand plaisir de vous savoir tous en bonne santé. Quand à moi la santé n'est pas trop mauvaise cependant aujourd'hui je suis un peu fatigué. Ce matin il y en a un de mes camarades qui est allé à l'hôpital, je crois qu'il a une bronchite, c'est celui de Bagnol, c'est bien un bon camarade et je crois qu'il y en aura bien d'autres si on continue à nous mener comme des bêtes.
Hier nous avons fait une dizaine de kilomètres sans nous arrêté à la nuit était sorti [mot} et puis il a voulu marcher encore la moitié de la nuit, alors vous pouvez penser si nous étions frais quand ils nous ont lâchés.
Enfin pourvu qu'il continue à faire comme ça, je crois qu'il y en aura pas la moitié qui irons sur le champ de bataille et tout cela [mot] du colonel s'il veut nous emmenez de cette sorte il fera bien de ne pas [mot] passer au devant de nous car il pourrait bien lui arriver quelques petit malheur.
Nous ne savons pas encore quelle direction nous prendrons mais il est probable que nous prendrons celle de la Turquie. Je serai bien content si je pourrai trouver Michel Manry puisqu'il est au camp de la Valbonne.
Je ferai tout mon possible pour le rencontrer, ça se peut bien qu'il parte avec aussi car il en faut plus de 8000 pour aller là-bas et vous voyez bien que ça fait des têtes.
Ce jourd’hui il fait assez beau le temps s'est adouci mais il avait passé quelque [jour] qu'il ne faisait pas trop chaud.
En attendant, le plaisir de lire de vos nouvelles, recevez mes meilleurs amitié.
Pierre