Chers parents
Je m’empresse de répondre à votre lettre du 28 que j’ai reçu hier au soir. Je suis beaucoup surpris de voir que vous avez resté 8 jours sans nouvelle car je vous écris le plus souvent possible.
Je sais bien que quand vous n’avez pas de mes nouvelles, vous êtes inquiets surtout de me savoir dans ce bon coin. Enfin malgré toutes les misères que nous voyons, je suis toujours en bonne santé. Mon oreille est complètement guérie. Je ne sais pas ce qu’il va arriver mais depuis hier matin, l’artillerie n’a pas cessé de tirer. Je pense qu’il va se déclencher quelques formidable attaque. Heureusement que c’est un peu à notre gauche. Tous ces jours-ci, le temps n’est pas encore trop mauvais.
Vous me dites que Joseph Manry n’est pas venu à Verdun mais je ne le lui souhaite pas de venir car je vous assure que ce n’est pas gai. Je pense qu’il lui devait faire peine pour repartir de Goulandre, surtout lui qui a été si tranquille avant la guerre. Je pense que nous allons bientôt partir pour aller au repos.
Puisque vous voulez savoir ou je suis, je me trouve à gauche du fort de Vaux.
Pour aujourd’hui je termine en vous embrassant de tout cœur.
Pierre F.
