Auvergne Sancy

Une ferme, une histoire, des balades et des ânes...

Le 16 avril 1916

Chère Jeanne
Je m'empresse de faire retour à votre lettre du 11 que j'ai reçu hier au soir. Je suis heureux de savoir que vous êtes tous en bonne santé, quand à moi, tout va bien pour le moment. C'est jour-ci je suis en réserve, je suis dans un village tout près des boches. Il est démoli, je vous assure que pendant la journée, il ne faut pas sortir le nez. Nous faisons comme les rats, nous vivons dans les caves.
Le plus embêtant c'est que nous pouvons rien trouver pour [mot] et à peine si nous trouvons de l'eau pour boire. Nous en prenons plus d'une foi dans les trou d'obus.
Vous me ferez envoyé un colis avec un peu de chocolat et si vous pouviez y mettre quelques pierres à briquet car nous avons pas d'allumettes et nous sommes bien embarrassé pour allumer quelques cigarettes car les cigarettes c'est toute notre distraction.
Ce soir il faut que j'aille en patrouille au devant de nos 1ère ligne, demain je vous dirais le résultat.
En attendant d'autres nouvelles de la maison, je vous embrasse de tout cœur.
Pierre F.