Le 11 décembre 1915
Chers parents
Comme ce soir je ne suis pas trop pressé, j'en profite pour vous passer encore quelques mots.
Pour le moment je suis toujours très bien portant, je pense que vous êtes tous de même à la maison.
Depuis je suis partie de St Germain L'embron, j'avais plus été si heureux comme je suis maintenant.
Nous allons à l'exercice tout les soirs c'est-à-dire de 1 heure à 4 heure et puis nous sommes libre de faire ce que nous voulons. Le matin nous nous levons qu'à 7 heures, nous sommes trois a peu près du pays, nous achetons 2 litres de lait, nous le faisons bouillir et nous y mettons notre quart de café, ça nous fait chacun un bon café au lait avec un peu de pain, après nous attendons bien 10 heures pour manger le reste. Nous payons le lait 4 sous le litre. Je finirai bien de passer la guerre dans ce pays mais je crois que nous partirons avant ou autrement il faut qu'elle finisse trop vite.
Ce soir nous avons fait le nettoyage de nos fusil et de nos sacs car demain matin il nous faut prendre la garde cela nous embête beaucoup car il est dimanche nous aurions pu visiter un peu le pays aux alentours, enfin ce sera pour dimanche prochain.
Si vous pouviez m'envoyer des bas de laines et une serviette pour me débarbouiller je serai bien content car je ne sais pas ce qui est devenu la mienne, je me sers que de mon mouchoir.
Avez-vous touchez la lettre recommandé que vous m'aviez envoyé au printemps, celle qui s'était perdu, je pense qu'il y a assez longtemps qu'elle est perdu, je me rappelé plus de vous demander ce qu'elle était devenue.
Le temps me tarde bien de revenir en permission mais pour le moment cela mais impossible car ça fait déjà un moment que je suis parti, je crois que j'aurai oublié les rues de Goulandre, je serai fichu de ne pas me retrouver, il faudra que je prenne un guide.
Hier j'ai reçu une carte de Felix me disant qu'il était toujours en bonne santé.
Pour ce soir je termine, à demain.
Pour toute la maison recevez mes meilleures amitiés
Pierre